Le 10 Juillet 2023
☁️ Bonjour Nuage,
Titre évocateur n’est-ce pas ?
Honnêtement, il se passe tellement de choses en ce moment que je ne savais pas comment choisir un autre titre plus parlant …
Tu as entendu parler de Naël, des protestations, des émeutes, de la faute aux jeux-vidéos d’après notre cher Président, des pillages, de la débaptisation du lycée Angela Davis sous l’impulsion de Valérie Pécresse, de la super lune, de la cagnotte pour le policier qui a dépassé les 1 millions d’euros, la loi LPM passée en catimini pendant tout ce bordel, et potentiellement d’autres choses aussi.
C’est alarmant.
Et on est submergé’es.
J’ai beaucoup de choses à dire, mais du mal à arranger mes pensées encore. Je pense mettre au point quelques posts liés à ces sujets sur Instagram prochainement.
Ensuite, je prendrais une pause en Août.
Sinon, j’ai commencé à travailler !Les premières journées ont été dures. Je ne comprenais rien, posait beaucoup de questions et avait l’impression d’être “bête” aux yeux de mon équipe.
J’ai aussi un peu de mal à m’intégrer j’ai l’impression, car je ne sais pas trop de quoi leur parler. Mais parfois, un sujet arrive et je déboule dans la conversation en grande pompe avec mon excitation. Je n’arrive pas trop à trouver les moments où il est approprié de parler et prendre des pauses, et ceux où il faut “faire semblant d’être occupé’e” devant la clientèle.Les limites sociales et hiérarchiques sont aussi encore floues à mes yeux donc bon… Comme je ne sais pas trop ce qui est ok de dire ou ne pas dire, ça limite la communication.Je crois que ma façon d’être perturbe quelques unes de mes collègues du coup, elles ne savent pas trop comment me prendre. Je fais cet effet aux gens parfois, c’est devenu habituel. Même en faisant des efforts avec mon visage pour paraître aimable : animer mes yeux, mon regard, esquisser un sourire en permanence pour moins intimider.
Mais je me rends compte que j’ai énormément progressé quand même car je masque beaucoup moins. Tant lorsqu’il s’agit d’exprimer ma personnalité sans arrière-pensées ou anxiété. Et aussi, le fait de devoir arpenter le magasin toute la journée et ré-arranger des choses me permet de stimmer tranquillement donc c’est cool. Les scripts à adopter avec les client’es sont aussi bien plus au point donc ça aide.
J’ai entendu quelque part que pleurer permet de réguler et de redémarrer le système nerveux.
Et vu le nombre de fois où j’ai pleuré le matin avant de partir au travail, et les shutdown que je me suis tapés en fin de journée les premiers jours, on peut donc considérer que c’est une bonne chose pour le système ? Haha, oui on va dire ça.
D’ailleurs, après ma story sur le sujet, plusieurs personnes m’ont demandé si j’avais trouvé des séances de yoga pour aider lors de sur-stimulation ou anxiété.
Pas de yoga, mais j’ai trouvé cette méditation qui a fait des miracles le premier soir si tu veux. On ne sait jamais.
J’ai aussi un dernier coaching en image qui va commencer. Tu te souviens, j’ai passé les deux dernières années à sensibiliser sur l’industrie de la mode et des standards de beauté, ainsi qu’à proposer des coachings pour trouver son style unique et gagner en confiance en soi.
J’avais arrêté cette année car l’envie et le besoin de passer à autre chose se faisait ressentir. J’avais l’impression d’avoir fait le tour.J’ai eu envie de revenir à d’autres formes d’expression, au-delà d’un style vestimentaire assumé, j’ai avancé de mon côté sur m’assumer au sens large et du coup, le besoin d’élargir l’expression via d’autres formes d’art (comme l’écriture) s’est manifesté.
Mais une personne m’a contacté par mail pour offrir un coaching à sa copine pour leur anniversaire de relation.
J’ai trouvé ça super mignon et j’ai accepté.
Ce sera donc le dernier je pense. Ca fait bizarre aussi d’avoir autant de mélanges de vies en ce moment. Un mélange de moi-passé avec cette activité de coaching, l’écriture, Instagram où je teste des choses depuis plusieurs mois maintenant (d’ailleurs je perds des abonné’es à une vitesse, iels doivent être perdu’es), le travail en boutique depuis peu, et le projet d’expatriation qui prend forme.
D’ailleurs, j’ai fait la visite médicale pour l’Australie. Et j’ai eu mon visa !
Finalement, le docteur partait à la retraite dans quelques jours donc il a passé pas mal de questions, dont celles sur la santé mentale et les troubles. Je m’étais préparé à un script béton pour ne pas être “démasqué’e” au sens large comme figuré. Finalement il n’y en avait même pas besoin.En me racontant sa vie, le docteur m’a clairement dit “La politique de l’Australie c’est : gardez vos malades et vos ‘fous’ chez vous, on a assez avec les nôtres”. Et ça me questionne fortement d’un point de vue éthique.
Je me suis secrètement félicité’e de n’avoir divulgué aucun de mes diagnostics à l’État français car sinon mon visa aurait été refusé. Mais, au-delà de mon cas particulier, d’un point de vue communauté, politique, systémique, je trouve ça triste et injuste.
Ça se justifie d’un point de vue capitaliste et individualiste : le pays veut des immigré’es dits “de qualité” qui pourront créer du profit pour lui. Mais c’est à l’opposé des principes de solidarité, égalité, communauté et entraide qui m’anime depuis pas mal de temps. C’est une forme de discrimination non ? Et même d’eugénisme je dirais.
Pas aussi chill, ensoleillé et sympa que leur image veut nous faire croire.
Qu’en penses-tu toi ?
À ce propos, un post m’a un peu ‘trigger’ récemment sur Instagram.
Une personne parlait de son suivi psy et de son récent diagnostic. Elle avait écrit : “ouf je ne suis pas folle”. Ou un truc comme ça. Et cette phrase m’est restée en tête. Elle se répétait en boucle dans mon esprit.
J’ai trouvé cela vraiment maladroit. Non seulement car le mot “fou/folle” est stigmatisant et très culturel. C’est une question de perspective et il est souvent utilisé par le système culturel et socio-politique en place pour décrédibiliser les personnes divergentes par leur personne ou leurs opinions. Son histoire est très proche du terme “hystérie” utilisé dans une rhétorique misogyne et sexiste.
Je développe ces points dans ma dernière vidéo sur le Patreon : “psychophobie, lobotomie et féminisme décolonial”. Je te laisserais donc la regarder si tu veux.
Mais aussi, je me suis dit : tant mieux pour elle. Mais il y en a parmi nous qui obtiennent des diagnostics très stigmatisés auxquels ont associe systématiquement le terme “fou”.
Ainsi, continuer d’utiliser ce mot pour créer une différence entre les fous et les sains, montre que l’on a pas déconstruit toute cette rhétorique, et que l’on est donc toujours dans une logique de supériorité de l’un’e sur l’autre. Tu vois ce que je veux dire ? C’est dommage.
C’est un mot fourre-tout qui veut tout et rien dire.
Et comme je disais plus haut, ça décrédibilise complètement tout ce que tu peux dire ou faire. Une fois que tu es estampillé’e “fou” ou “folle”, tu ne peux plus t’en sortir. On ne te regarderas plus, ne t’écouteras plus, et ne te considèreras plus jamais pareil.
Donc je comprends que ça fasse peur et qu’on veuille l’éviter, mais plutôt que de se sortir du truc en disant : “c’est bon, moi je suis pas ça”, mieux vaut ne rien dire, ou mieux, faire entendre sa voix et offrir une nouvelle perspective sur le sujet, le déconstruire et partager cela avec les autres pour enrichir la discussion.
En tout cas, je te souhaite une excellente semaine et prends soin de toi en ces temps complexes.
Si tu as des vacances, profites-en bien !
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