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Bonjour Nuage, le capitalisme c'est nul

N°29. Travail, indépendance et capitalisme


Le 10 Avril 2023

 

☁️ Bonjour Nuage,

Je sais pas trop en ce moment.J’ai l’impression de re-vivre une remise en question professionnelle. Encore oui.

J’en ai déjà vécu plusieurs. En fait à chaque fois que j’ai eu un travail, mais aussi avant peut-être, avec le choix de mes différentes études.Je sais pas. À chaque fois que je démarrais un nouveau travail, dans une nouvelle entreprise et à un poste différent, très vite je me lassais, puis je finissais pas saturer et par craquer. Pour plein de raisons dont on a déjà parlé ensemble.

Donc bien sûr, à chaque fois, je ré-ajustais ma trajectoire professionnelle, mes attentes, ma vision et mon positionnement.

Après les confinements, quand j’ai “décidé” de partir,

- décidé. Le mot me fait un peu rire car j’ai vraiment l’impression que je n’avais pas le choix vu l’état de ma santé mentale de l’époque. C’était partir et tout plaquer, ou le néant complet. Mais bref -

Quand j’ai décidé de partir donc, je me suis dit que je partais pour faire quelque chose d’autre, à mon compte, qui me plaisait réellement.

Je me rends compte aujourd’hui que ce n’était pas que cela le problème. Mon désarroi ne venait pas uniquement de mes collègues et du monde incompréhensible de l’entreprise, non. Il venait pas de ces phénomènes qu’on pourrait penser isolés. Il venait d’un système à part entière. Un système qui n’est en réalité adapté à personnes, à part à une poignée d’ultra-riches privilégié-es.

Et je me rends compte qu’être à son compte ne permet pas d’échapper au système juste parce que l’on devient son propre patron et qu’on a pas de collègues. Cela vient aussi avec son lot de charges mentales et financières. Elles sont juste différentes. Je réalise bien sûr que j’ai un situation bien plus chanceuse que d’autres, mais globalement, j’ai tout de même l’impression qu’il s’agit de choisir entre deux options pas ouf. Je sais pas si tu ressens la même chose ? Peut-être que tu adores ton travail ?

Je me demande s’il est réellement possible d’avoir un métier-passion ? J’ai l’impression que devoir monétiser des choses enlève le charme du truc. Du moins une partie ? Je sais pas…

Récemment, j’ai vu une phrase passer : “si tu travailles sur Instagram, ton employeur est Instagram/Facebook/Meta”. Et en soit c’est pas faux. Pour réussir sur les réseaux sociaux et faire décoller notre activité, il est encouragé de suivre ses statistiques, les analyser, être au fait des tendances et les suivre, poster des types de contenu qui plaisent à l’algorithme, etc. Et ta valeur est jugée sur certains chiffres-clés comme le nombre d’abonné-es. Comme dans une entreprise classique finalement. Ça me gave.

Honnêtement, ça me gave.

J’en ai marre que l’on soit esclave du capitalisme ainsi. Que tout soit une question de productivité, de chiffres et de performance.

Peut-être que c’est aussi de ma faute car je me suis laissé.e embarquer dans ce jeu des réseaux sociaux. Je n’ai pas vu les similarités et j’ai commencé à créer du contenu pour les plateformes, les algorithmes, et à privilégier ce qui était monétisable, plutôt que de créer pour moi et les gens qui se reconnaissent dans mon vécu et mes propos. Mais en même temps, la peur d’être sans le sou pousse à faire du “vendable” la priorité.

J’espère qu’un juste milieu est possible. Un qui soit authentique et atypique, artistique même, tout en me permettant de vivre.

Dans tout cela, je pense de plus en plus à reprendre un travail “classique” pendant quelque temps. Impossible de retourner dans un bureau, mais potentiellement dans une boutique. - J’aurais aimé une librairie mais il n’y a pas de disponibilités dans ma zone -. Histoire d’être plus stable financièrement et de pouvoir prendre du recul, être vraiment indépendant-e, et faire ce qui me plaît vraiment, sans la pression que cela doive me rapporter de l’argent.En même temps, je me rends aussi compte que je pourrais craquer au bout de quelques semaines de travail, comme c’est déjà arrivé. Je me rends compte aussi qu’avoir un travail me laissera moins de temps pour prendre du recul et travailler sur les projets qui me plaisent à côté. Ce sera un nouvel équilibre à trouver et de nouvelles activités avec lesquelles jongler.

Je sais pas …Peut-être que je suis trop gaté-e. Mais en vrai je m’en fous, ça change pas la réalité.

Ce système est nul.Vraiment.

Tout est à relier au capitalisme et au patriarcat.Franchement. Vivement qu’on s’en débarrasse non ?

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