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Bonjour Nuage, vivre n’est pas survivre

N°25. Vivre sa vie, atelier en ligne et règles


Le 13 Mars 2023

 

☁️ Bonjour Nuage,


La semaine dernière, j’ai eu deux conversations qui, j’ai l’impression, vont me faire faire des bons de géants dans ma façon d’appréhender mon existence.

Je vais te partager ce qui est ressorti de la deuxième car c’est celle que je serais la plus à même d’expliciter à l’heure actuelle. L’autre est toujours en digestion on va dire.

bref.

J’ai toujours été fasciné.e par l’idée que nos vies étaient insignifiantes, mais pas dans un sens péjoratif. Simplement, j’ai toujours aimé savoir que nous faisons partie d’un tout harmonieux et qui bat à l’unisson.

Et puis, à côté de ça. La réalité du quotidien, de mon passé et de mon futur a toujours été très floue.

!tw arrêter de vivre dans l’encart qui suit

Tu sais la question : “tu te vois comment dans 5 ans ?”.J’ai réalisé que la seule réponse honnête qui me venait systématiquement était : “mort.e”. Et, en vrai, c’est pas l’idéal comme façon de penser. On est d’accord.

Bien sûr, je ne le disais jamais à voix haute. À la place, j’éludais la question ou je répondais ce que les gens en face avaient envie d’entendre. La seule fois où j’ai répondu honnêtement à cette question, j’avais 5 ans. Je m’en souviens très bien : l’adulte en face a ri, dénigré mes propos et s’est détourné de moi avec un revers de la main en disant que je faisais mon intéressante.

fin du !tw

Peut-être qu’à ce stade de ta lecture tu te dis : “oh non. On est lundi matin, je veux pas une lettre déprimante làààà”.

Je te comprends, t’inquiètes, je voulais juste te poser le contexte.

Toujours est-il que j’ai survécu jusqu’à maintenant. Mais sans grand enthousiasme et dans un flou intersidéral : la majeure partie en pilote automatique. Jusqu’au confinement, quand j’ai décidé de tout envoyer balader en quittant mon taf, Paris et en décidant d’affirmer qui j’étais et mes identités via mon style vestimentaire.

Mais on ne se débarrasse pas de tout cela facilement.

Et cette conversation de la semaine dernière m’a permis de comprendre que j’étais toujours dans une logique de survie et non de vie.

Et que j’avais aussi tendance à me perdre dans ma tête aussi et perdre la notion du temps mais ça, ce sera pour une autre fois.

Si certes, j’avais entrepris (et réussi) de gros chantiers pour vivre pour moi, il y avait encore quelques résidus bien ancrés qui m’empêchaient (et m’empêchent encore j’imagine) de faire certaines choses.

Ces choses qu’est-ce que c’est ?

Entre autres : enfin commencer l’écriture d’un roman (comme j’en rêve depuis l’enfance), essayer de peindre des choses même si elles sont moches, écrire des poèmes, ne plus faire des posts simplement parce qu’ils plaisent aux gens et répondent à leurs questionnements pratiques, arrêter de perdre du temps et de l’énergie dans des trucs qui ne m’intéressent plus vraiment juste parce que ça rapporte un peu d’argent (ça c’est dur parce que ça fait peur de lâcher une source de revenus), faire des articles et posts approfondis qui sont peut-être plus complexes et intéressent moins de gens mais qui m’enthousiasment et parlent à une communauté plus réduite, prévoir le budget pour des activités, formations et voyages qui me font vraiment plaisir plutôt que d’en faire d’autres par dépit parce qu’ils sont moins chers (ou ne rien faire du tout), etc.

Parfois ça semble minime, mais c’est le fait que toutes ces petites choses s’accumulent qui joue et finit par peser très lourd. C’est cela qui donne l’impression d’être pris.e dans un engrenage, d’être prisonnier.e de la vie.

Et le truc pervers c’est qu’on ne se rend parfois même pas compte de pourquoi on étouffe. Car on est tellement submergé-es par le quotidien, l’argent, les interactions sociales, les attentes de la société, les systèmes d’oppression, les problèmes psys etc, que l’on n’arrive même pas à lever la tête pour avoir une vision d’ensemble et comprendre pourquoi on se sent tiraillé-es et détaché-es de nous-mêmes.

Alors bien sûr, parfois il y a de réels obstacles et contraintes. Tout n’est pas dans la tête, loin de là. Mais, d’où l’importance aussi de se sonder réellement pour savoir ce que l’on veut profondément et ensuite d’élaborer des plans pour s’en rapprocher au maximum.

Pour te donner un exemple, tu te dis que tu veux absolument faire une thèse pour ensuite pouvoir être tranquille à être payé.e à écrire et parler de trucs qui te plaisent. Mais que t’as pas les moyens de financer des études longues donc pour l’instant t’es en mode : “bon bah je vais travailler dans un restaurant puis quand j’aurais l’argent je me payerais ma thèse”. Mais du coup en attendant tu subis, t’es en mode survie. D’autres solutions existent peut-être. Si ton rêve c’est d’avoir une thèse bon là ok. Mais si ton rêve c’est de pouvoir gagner suffisamment d’argent en parlant d’un sujet qui t’intéresse, d’autres voies peut-être plus accessibles sont possibles. Ou en tout cas d’autres métiers en attendant qui vont te permettre d’écrire tout en gagnant de l’argent. Tu vois ce que je veux dire ?

Et là je te prends un exemple compliqué parce que l’argent est un réel obstacle dans notre monde capitaliste. Parfois, les chemins détournés sont nécessaires. Mais on peut aussi prendre des exemples plus simples et moins engageants comme se mettre à la danse après en avoir rêvé depuis le primaire - même si on se dit que c’est trop tard -, être famille d’accueil pour chat - même si notre maison n’est pas une grange retapée en pleine campagne - , aller faire une randonnée - même si on a pas du matériel de pro -

J’avais déjà entrepris cette “reprise de pouvoir” sur ma vie sur d’autres pans : en particulier sur l’aspect social. Genre refuser des sorties, partir plus tôt si je sature, etc.

Mais là, c’est une “reprise de pouvoir” qui me semble encore plus profonde. Une réelle affirmation et expression de ses désirs intérieurs pour vivre.

Vraiment vivre.

Une des phrases de cette conversation qui est encore dans ma tête est : “OK, si dans 5 ans tu aimerais avoir écrit un livre et vivre au bord d’un ruisseau avec des animaux, ce n’est pas dans 5 ans que tu claqueras des doigts et que ce sera là par magie malheureusement. Commence à y réfléchir dès maintenant car sinon dans 5 ans tu seras toujours là sinon. Et dans 10 ans aussi. Et à 70 ans tu te diras : mince.”.

Peut-être que l’on changera d’avis d’ici 5 ans. Et c’est ça aussi la beauté de grandir. On évolue. Mais, on ne pourra pas le savoir si on ne tente rien.

Il faut s’accorder des moments de repos pour y voir plus clair. Pouvoir sortir un peu la tête de l’eau, même quelques instants.Sans repos, ni ennui, il n’y a ni créativité ni perspective d’amélioration.(coucou Marie et notre discussion sur Discord).

Et c’est aussi pour cela qu’il faut que l’on détruise le capitalisme. Hum hum.

Arrêter de remettre les choses à “quand on sera grand-es, stables et réellement adultes” ou se contenter de choses un peu moins bien parce que y’a pas la thune, le temps ou l’énergie nécessaire pour l’instant.

Peindre des croutes si ça fait plaisir, aménager du temps pour écrire, faire des projets pour soi et tant pis si certain-es personnes ne suivent pas car d’autres viendront et on sera bien plus aligné-es, et, aménager des moments de rassemblement (d’argent, de temps, de pensées ou d’énergie) pour pouvoir obtenir, visualiser et construire l’existence qui nous convient.

Voilà.

Je ne sais pas ce que tu en penses.

Bien sûr, comme je l’ai dit, parfois il y a des contraintes à tout cela, surtout dans le monde actuel. Mais je pense que vivre pour soi et avec les autres, plutôt que survivre et vivre pour (voir contre) les autres est une bonne chose.

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