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La viande responsable et durable n'existe pas




On me demande souvent :

"Pourrais-tu faire un article ou a minima une story Instagram pour nous aider à mieux choisir notre viande? Où aller, quoi acheter et à quelle fréquence ?"

 

Je ne ferais pas cet article.

 

Pourquoi ? 

Il n'existe, à mon sens, aucune consommation "durable" et "éco-responsable" de viande possible dans la société actuelle. 


Avant de bondir, laissez-moi expliquer ma vision de la chose.  Je serais ensuite, ravie d'en discuter avec vous dans les commentaires. 

On le sait, l'élevage actuel pèse, aujourd'hui, pour 16% de la pollution mondiale. C'est plus que tous les transports réunis. 

Cette pollution est en grande partie due à l'élevage industriel.

Car les territoires ne sont pas faits pour supporter de telles concentrations d'animaux sur des surfaces restreintes : ils épuisent les ressources et leurs excréments ne sont pas filtrés par les sols ce qui pollue la terre et les eaux.

Parce que de nombreux antibiotiques sont utilisés pour soigner les animaux qui ne cessent de développer des maladies dans ces élevages. 

Parce que ces animaux sont nourris avec des quantités astronomiques de céréales cultivées avec des pesticides. Cela participe donc aussi à la pollution causée par l'agriculture et en grande partie à la déforestation en Amérique du Sud.

Oui, car beaucoup de ces céréales sont en fait du soja importé. Pour produire de plus en plus de ce soja, c'est la forêt amazonienne que l'on grignote pour y installer des exploitations.


OK. Alors le problème est uniquement l'élevage industriel. Merci, on le sait. 

Il suffit donc d'acheter de la viande bio ou provenant de petits producteurs. 

Tuer l'élevage industriel en baissant drastiquement la demande ? Oui. 


Mais pourquoi l'élevage industriel existe-t-il ?

Car tout le monde a voulu manger de la viande, à tous les repas. Les petits producteurs ne pouvaient plus gérer la demande et on est passé petit à petit à des fermes géantes. 

La Terre n'est pas assez grande pour alimenter tout le monde en viande "de qualité". Impossible de n'avoir que des fermes où les animaux ont assez de place pour gambader et moins polluer les sols. 


On le voit d'ailleurs en ce moment-même avec l'industrie du bio. 

La demande augmente. Alors, pour la satisfaire, la loi change. 

Besoin de plus d’œufs bios ? Réduisons l’espace attribué à chaque poule et entassons-les. Qui sait, dans quelques années ce sera peut être les mêmes conditions que celles placées en batterie. Plus de cochons bios ? Supprimons la paille au sol et mettons-les dans des hangars avec du caillebotis au sol. Comme ça, la paille ne filtrera plus leurs excréments et on se retrouvera avec non pas de l’engrais mais du lisier qui pollue les sols, les eaux et les océans (phénomène de l’algue verte notamment).  Besoin de plus de fruits et légumes bios ? Chauffons les serres de façon artificielle pour produire plus et participer au réchauffement climatique en même temps!

Plus de détails dans l'article LeMonde



Le même schéma se reproduira avec la viande durable. 

Oui: nous sommes plus de 7 milliards sur terre donc, tôt ou tard. Avec tout le monde voulant manger de la viande régulièrement, il faudra augmenter l'offre.

Cercle vicieux.



Egalement, il faut savoir que l'élevage des bovins en plein-air est encore plus polluant que sa version industrielle... Certes il peut participer au renouvellement des sols, mais cet élevage émet aussi beaucoup de gaz à effet de serre et de méthane. Les vaches vivent plus longtemps car il faut plus de temps pour les engraisser avec du fourrage et des légumes qu'avec du soja importé. En plus, en les nourrissant avec du maïs ou autres céréales consommables par les Hommes, c'est de l'espace gâché qui pourrait servir à nous nourrir directement.

Elles consomment aussi 35% plus d'eau que leur voisines à la vie plus courte et 30% plus de terrain pour "gambader". 1 kilo de viande de boeuf "en plein air" représente 5 fois plus de gaz à effet de serre que le kilo industriel.



Solution alternative : il n'y aura que quelques petites fermes.

Petites fermes qui ne produisent pas, au passage, de "viande éthique" car toute viande implique un meurtre et le passage par la case abattoir. Que l'animal provienne d'un élevage bio, responsable, petite exploitation etc.


L'offre sera donc très restreinte, la demande forte et le prix sera, par conséquent, exorbitant. La viande deviendra un met de riche. Et je parle ici d'extra-riche, pas juste la classe moyenne supérieure. 

Cela fera comme avec le boeuf de kobe : 500€ le kilo. 

Pas sûr que cela plaise à tout le monde. 


Il faudrait donc que la demande baisse pour que tout s'équilibre. On mangerait donc de la viande bien moins souvent, comme nos arrières grands-parents par exemple : une fois par semaine voire une fois par mois. Cela peut-être une solution donc : baisser drastiquement notre consommation, et relocaliser la production tout en revenant à des pratiques pré-industrielles pour ne plus tant polluer l'air, l'eau et les sols acidifiés par l'élevage.


Pour moi, actuellement, il n'existe donc pas de "viande durable", "éco-responsable", "écologique" ou autre. 

Soit nous en reviendrons forcément à une forme d'élevage industriel si décrié aujourd'hui (et nuisible pour la planète), soit cela deviendra quelque chose d'exceptionnel que certains ne pourront jamais s'offrir (ou alors une fois par an).

Vu l'indignation qu'il en ressort lorsque l'on évoque simplement le Lundi Vert, bonne chance pour cette deuxième option. 

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